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heureux, ait conservé à l’ouverture le caractère d’introduction à la première scène, sans donner à ce morceau d’harmonie une conclusion indépendante, il sut cependant concentrer dans cette paraphrase instrumentale le caractère de toute l’action dramatique qui allait suivre. Le chef-d’œuvre le plus complet de Gluck dans ce genre est l’ouverture d’Iphigénie en Tauride. Le maître dessine là, en traits puissants et avec clarté, les pensées principales du drame. Nous reviendrons sur cette œuvre admirable, qui nous servira à analyser cette forme de l’ouverture que l’on peut considérer comme la plus parfaite.

Après Gluck ce fut Mozart qui donna à l’ouverture sa véritable signification. Sans s’efforcer péniblement d’exprimer ce que la musique ne peut et ne doit jamais expliquer, à savoir les détails et les développements de l’action, elle-même, comme l’ancien prologue s’était efforcé de les exposer, il saisit avec ce coup-d’œil du véritable poëte la pensée principale du drame ; il la dépouilla de tout détail incident et secondaire par rapport à l’action principale, pour faire de cette pensée une création musicale claire. II en exprime la passion dans l’harmonie, en fait parfaitement comprendre les idées par l’art des contrastes,