Page:Charnay Désiré Aventures d'une famille en voyage 1898.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III

Les adieux de Florès. — San Andrès. — Les mules et leurs malices. — En route. — Premières épreuves.

Il n’y a que le premier pas qui coûte : ce proverbe est souvent vrai quand il s’agit de voyage. Que d’hésitations, de choses oubliées, viennent retarder le départ ! Il y avait huit jours que chaque soir on disait : ce sera pour demain ; et le lendemain, de nouvelles difficultés surgissaient qui mettaient à néant les résolutions de la veille. Si la famille se croyait prête, les hommes et les mules, rassemblés à San Andrès, petit village de la terre ferme au sud de Florès, ne l’étaient pas ; on remettait encore. Enfin, le 22 novembre 1882, Bénito, le mari de Pétronille, qui avait été chargé de la surveillance des muletiers, accourut à Florès pour annoncer à son maître que là-bas, à San Andrès, tout était prêt et qu’on pouvait partir.

« Enfin ! s’écria Frémont, nous quitterons Florès demain, à midi. » Pancho sautait de joie.

« Te voilà donc bien heureux, Tatita, lui dit Bénito, te voilà donc bien heureux de quitter ton pays ?

— Ah ! dit l’enfant, nous y laissons des regrets, tu le sais bien, Bénito, mais n’emmenons-nous pas tous ceux que nous aimons ? ne viens-tu pas avec nous toi-même ? voudrais-tu nous abandonner ? — Non, Panchito, tu sais bien que je ne te quitterai jamais, pas plus que Pétronille ne saurait vivre sans Éléonore ; partout où vous