Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/264

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page, etc. (suit un détail de chiffre). Je vous prouverai ce que mes lettres ne doivent pas vous avoir fait soupçonner jusqu’ici, et ce qui m’est très difficile quand je vous écris, que je sais être court. Si cependant cela vous fatigue, écrivez-moi seulement : « Plus de numéros. »

« Adieu, madame. A genoux je vous demande votre amitié et, en me relevant, une petite lettre à poste restante. En vous écrivant, je me suis calmé Votre idée, l’idée de l’intérêt que vous prenez à moi, a dissipé toute ma tristesse. Adieu, mille fois bonne, mille fois chère, mille fois aimée. »


La moquerie pourtant et le sentiment du ridicule ne font jamais faute longtemps avec lui ; tout ce qui y prête et qui passe à sa portée est vite saisi. Et en même temps on notera cette continuelle mobilité d’impressions d’un homme qui, à cet âge, semble déjà avoir vécu de tous les genres de vie, qui va devenir courtisan Et chambellan, qui a peu à faire pour achever d’être le plus consommé des mondains, et qui tout d’un coup, par accès, se reprend à l’idée de ces doctes et vénérables retraites telles qu’il les a pratiquées dans ses années d’études à Erlang ou à Edimbourg ; car tour à tour il a été étudiant allemand, et il s’est assis autour de la table à thé de Dugald Stewart.


Gœttingue, le 28 février 1788.

« J’ai failli rester ici ; le goût de l’étude m’a repris dans cette ville universitaire, et, si je n’avais couru la poste, j’eusse planté là mes projets de courtisan. — Il est encore une autre circonstance qui aurait pu déterminer mon changement de plan. J’ai fait une visite au professeur Heyne[1] et j’ai vu sa fille.

« Mon entrée chez celle-ci fait tableau : imaginez une

  1. Le célèbre philologue.