Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/82

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couleur de rose et blanc, et le meilleur enfant du monde. Après nous avoir rencontrées deux ou trois fois je ne sais où, il nous est venu voir avec assez d’assiduité, et ne m’a pas laissé ignorer que c’était en cachette, tant il trouve évident que des parents bernois devraient être fâchés de voir leur fils s’attacher à une sujette du pays de Vaud. Qu’il vienne seulement, le pauvre garçon, en cachette ou autrement ; il ne fera point de mal à Cécile, ni de tort à sa réputation, et M. le baillif ni madame la baillive n’auront point de séduction à nous reprocher. Le voilà qui vient avec le jeune lord. Je vous quitte pour les recevoir. Voilà aussi le petit ministre mort et le ministre en vie. J’attends le jeune faraud et le jeune négociant, et bien d’autres. Cécile a aujourd’hui une journée. Il nous viendra de jeunes filles, mais elles sont moins empressées aujourd’hui que les jeunes hommes. Cécile m’a priée de rester au logis, et de faire les honneurs de sa journée, tant parce qu’elle est plus à son aise quand je suis auprès d’elle, que parce qu’elle a trouvé l’air trop froid pour me laisser sortir.


SEPTIÈME LETTRE


Vous voudriez, dans votre enchantement de Cécile et dans votre fierté pour vos parentes, que je bannisse de chez moi le fils du baillif. Vous avez tort, vous êtes injuste. La fille la plus riche et la mieux née du pays de Vaud est un mauvais parti pour un Bernois, qui, en se mariant bien chez lui, se donne plus que de la fortune ; car il se donne de l’appui, de la facilité à entrer dans le gouvernement. Il se met dans la voie de se distinguer, de rendre ses talents utiles à lui-même, à ses parents et à sa patrie. Je loue les pères et mères de sentir tout cela et de