Aller au contenu

Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123

de la préférence pour moi, je serois décidé. Dans le premier cas ma bouche seroit à jamais fermée ; dans le dernier je te dirois tout, et avec d’autant moins de répugnance et de confusion que je pourrois jurer n’avoir rien fait pour me faire aimer. J’ai aimé. Voilà tout. J’ai souffert, et je me suis tu. Oui, j’ai beaucoup souffert, non pas dans les commencemens, quand la parfaite innocence et la parfaite sécurité regnoient dans mon sein. L’innocence y regne encore, mais ce n’est plus la tranquille innocence, c’est le fruit des combats et d’une rigoureuse surveillance sur moi-même. Je l’aime James, je l’aime, cela est dit enfin clairement. Crois-tu l’aimer autant que je l’aime ? En ce cas il faut la garder, sinon cède-la moi,