mari et une femme qui ne se disoient rien ; le mariage ne leur faisoit, à ce qu’il me sembloit, ni bien ni mal. À Vannes j’ai demeuré chez un homme dont la femme lui disoit sans cesse : avant que nous fussions mariés tu étois doux et complaisant, tu me donnois tout ce dont j’avois envie ; il n’y avoit point de bijoux trop beaux pour moi, point de fichus trop fins, point de chapeaux trop élégants. À présent c’est tout le contraire, et à peine me donnes-tu l’argent qu’il me faut pour tenir le ménage. C’est, disoit le mari, parce que tu l’employes à te parer, pour en plaire davantage à tout venant. Tu as beaucoup changé, ou bien j’étois autrefois un sot ; le mariage m’a ouvert les yeux. À Brest dans la maison ou j’étois, il se
Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/51
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.