Page:Charrière - Trois femmes, 1798.djvu/248

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plus admirable écrivain qui aient jamais été ; mais loin qu’à mes yeux cela les divinise, je ne sais s’il n’y auroit pas dans l’esprit que l’un a prodigué, et dans les phrases que l’autre a si admirablement arrangées, quelque chose qui pourroit nuire à la dignité d’un grand homme ? Il est des hommes que, soit mérite éminent de leur part, soit illusion de la nôtre, nous sommes tentés de mettre dans notre estime au dessus de la condition humaine. Ces hommes ne seroient-ils pas, en quelque sorte, déparés par ce qui fait la gloire de ceux auxquels on prétend ériger des autels ? Ils ont plus fait, ils ont moins dit et ne se sont pas piqués de si bien dire. Croiroit on louer Licurgue ou Solon, Epaminondas ou Germanicus,