Page:Charrière - Trois femmes, 1798.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292

déjà chez un fort bon cordonnier du village. Mon pere a trouvé cet arrangement si plaisant, qu’il en a fait un tout semblable pour un valet de brasserie, de même âge que le littérateur, invalide et dans la même position ; mais si peu littérateur, qu’il ne connoît pas les lettres de l’alphabet. Celui-ci renfermé dans une chambre pendant un an (s’il étoit libre il iroit boire), doit y apprendre à lire et à écrire, avec promesse, s’il réussit, d’avoir un petit emploi qui lui donnera du pain pour le reste de ses jours. Émilie triomphe d’avance avec mon père, d’un succès qui me paroit encore fort douteux. Qu’on ne vienne plus nous dire, s’écriait-elle tout à l’heure : je suis trop vieux pour me corriger, je suis trop vieux pour m’instruire.