porelle, matérielle, esclose et née avec la matière, et, avec elle corruptible) ? C’est une question qui n’est pas si petite qu’il semble. Car aucuns l’affirment corporelle, les autres incorporelle : cecy est fort accordable si l’on ne veut opiniastrer. Qu’elle soit corporelle, voicy de quoy : les esprits et demons bons et meschans qui sont du tout separés de la matiere, sont corporels par le dire de tous les philosophes et principaux theologiens, Tertullien, Origene, sainct Basile, Gregoire, Augustin, Damascene : combien plus
l’ame humaine qui a commerce et est joincte à la
matiere ? Leur resolution est que toute chose creée, comparée à Dieu, est grossière, corporelle, matérielle ;
Dieu seul est incorporel. Que tout esprit est corps
et de nature corporelle. Après l’authorité presque
universelle, la raison est irrefragable : tout ce qui est
enfermé dedans ce monde fini, est fini, limité en vertu
et en substance, borné de superficie, clos et comprins
en lieu, qui sont les vrayes et naturelles conditions
d’un corps. Car il n’y a que le corps qui aye superficie , qui soit resserré et enfermé en lieu. Dieu seul
est par-tout, infini, incorporel ; les distinctions ordinaires circumscripiivè, definitivè, effectivè
[1], ne sont que verbales, et ne destruisent en rien la chose ; car tousjours il demeure vray que les esprits sont tellement en lieu, qu’en ce mesme temps qu’ils sont en
- ↑ « Circonscriptivement, définitivement, effectivement. »