ses Discours chrétiens. Ceux-ci répondaient de l’orthodoxie de l’auteur, dont, il faut bien en convenir,
le Traité de la Sagesse pouvait au moins faire douter.
Cette précaution lui servit peu : on ne remarqua point
tout ce que son ouvrage contenait de juste, de vrai,
d’utile en morale, en politique, ; mais on lui reprocha
amèrement d’avoir exposé les argumens des athées et
des impies, avec bien plus d’énergie qu’il n’en avait
mis à les combattre ; d’avoir dit que les religions en
général étaient une invention des hommes, et de n’avoir
point excepté la religion chrétienne d’avoir prétendu
que l’immortalité de l’ame ne pouvait être que
très-faiblement prouvée, quoiqu’elle fût universellement
crue, etc., etc. Cependant il ne paraît pas
comme l’ont avancé quelques écrivains, et Voltaire
entre autres, que l’auteur ait été persécuté : tout se
borna à des critiques, dont quelques unes furent assez
violentes.
Charron, pour éloigner sans doute l’orage qui se préparait à fondre sur lui, corrigea les passages qui avaient été le plus censurés, adoucit quelques expressions qui avaient paru trop hardies ; mais, en même tems, il développa ses opinions dans un assez grand nombre de chapitres qu’il intercala dans son ouvrage, et qui ne le cèdent nullement aux autres par la force du raisonnement et l’énergie du style. Enfin, dans une analyse qu’il fit lui-même de son livre, et qu’il intitula Petit traité de Sagesse, il réfuta les principales critiques de ses adversaires.
En 1603 il, était venu a Paris pour y faire réimpri-