trop longuement tenu pour mort, fut porté et jette
en terre ; mais comme il sentit les coups que l’on luy
jettoit, revint à soy et fut retiré ; mais pour avoir
perdu le sang et la teste cassée, il mourut tost du
tout : Cardan le dit de soy et de son pere
[1]. Et demeure bien vérifié autentiquement en plusieurs et divers endroits, du monde, de plusieurs et presque tousjours populaires, foibles, et femmes possédées, desquels les corps demeurent non seulement sans mouvement et sans pouls de cœur et des arteres, mais
encores sans sentiment aucun des plus cruels coups
de fer et de feu ; et puis leurs ames estans revenues,
ils sentoient de très grandes douleurs, et racontoient
ce qu’elles avoient veu et faict fort loin de là. Tiercement y a l’humaine qui vient ou de la maladie que
Hippocrates appelle sacrée, le vulgaire mal caduc,
morbus comitialis
[2], auquel l’on escume par la bouche,
qui est sa marque, laquelle n’est point aux possedés,
mais en son lieu y a une puante senteur : ou des
medi-
- ↑ Le Cardan, dont il est question ici, était fils du célèbre Cardan, ce médecin italien, d’un esprit si bizarre, et qui, comme Socrate, croyait avoir un esprit familier. Ce fils de Cardan, aussi docteur en médecine, eut la tête tranchée à Rome, âgé de 26 ans seulement, pour avoir voulu empoisonner sa tante. Voyez dans Bayle, l’article Cardan..
- ↑ « La maladie des comices », c’est-à-dire, le mal caduc, le haut mal ; appelé ainsi, parce que les Romains rompaient leurs comices quand quelqu’un y tombait du haut mal.