Dirons seulement que soubs cette faculté, il y en a
trois grandes qui s’entresuivent ; car la premiere sert
à la seconde, et la seconde à la troisiesme, et non
au rebours. La première donc est la nourrissante pour
la conservation de l’individu, et à icelle plusieurs
autres servent, l’attractive de la viande necessaire, la
concoctive, la digestive, separant le propre et bon
du mauvais et nuisible : la retentive, et l’expulsive
des superfluités : la seconde, accroissante pour la perfection et quantité deue à l’individu : la troisiesme
est la generative pour la conservation de l’espece.
Par où il se voyt que les deux premieres sont pour
l’individu, et agissent au dedans de leur propre
corps : la troisiesme est pour l’espece, agit et a son
effect au dehors en autre corps, dont est plus digne
que les autres, et approche de la faculté plus haute
qui est la sensitive : c’est un grand tour de perfection
de faire une autre chose semblable à soy
[1].
- ↑ On ne doit guères regarder ce chapitre que comme une préface. En effet, Charron va traiter dans les autres, des facultés sensitives, générative, etc., qui lui semblent dériver de la faculté végétative.