théisme brutal, assoupi ou mélancolique, une certaine humeur creuse qui a transféré le Diogénisme
dans la Religion Chrétienne, par laquelle humeur
un esprit accoquiné à ses mélancolies langoureuses
et truandes, se moque de tout par une gravité sombre,
ridicule et pédantesque. Ceux qui ont lu la
Sagesse et les Trois Vérités, entendront bien ce que je veux dire par ces paroles ; car voilà l’humeur de
cet écrivain naïvement dépeinte..... De notre tems
le Diable, auteur de l’Athéisme, a suscité deux esprits
profanes, chrétiens en apparence, et athéistes
en effets, pour faire , à l’imitation de Salomon, une
Sagesse ou une Sapience, l’un milanais (Cardan), l’autre parisien (Charron), qui l’a fait en sa langue maternelle ; tous deux également pernicieux et grands ennemis de Jésus-Christ et de l’honnêteté des mœurs, etc. » C’est avec cette aménité que s’exprimaient les censeurs de Charron. Mais il trouva d'ardens défenseurs parmi des hommes aussi vénérables
par leur état que parleur savoir, tels que le prieur
Ogier, le docte Naudé, etc. ; et les injures des
Gasrasse finirent par être totalement oubliées. Mais ce
fut surtout au siècle de la philosophie en France, qu’on
apprit à apprécier notre auteur. Cette tolérance universelle que l’on voulait établir, qui était comme le
fondement de toutes les nouvelles doctrines, il en
avait d’avance senti le besoin, et prouvé l’utilité.
Sans doute Charron est un imitateur, et même quelquefois un copiste de Montaigne ; les maximes, les opinions que le philosophe gascon avait disséminées dans ses immortels Essais, son élève les a recueillies,