de religions, loix, coustumes, sciences, preceptes, menaces, promesses mortelles
et immortelles ; encore voyt-on que par
sa desbauche il franchist tout, il eschappe à
tout, tant il est de nature revesche, fier,
opiniastre, dont le faut mener par artifice : l’on
ne l’aura pas de force, naturâ contumax est animus humanus, in contrarium atque arduum nitens, sequiturque faciliùs quàm ducitur, ut generosi et nobiles equi melius facili freno reguntur
[1]. Il est bien plus seur de le mettre en tutelle, et le coucher, que le laisser aller à sa poste
[2] : car s’il n’est bien né, bien fort
et bien reiglé, comme ceux de la plus haute classe
qu’avons dict cy-dessus, ou bien foible, mol,
et mousse, comme ceux de la plus basse marche,
certes il se perdra en la liberté de ses
jugemens : parquoy il a besoing d’estre retenu,
plus besoin de plomb que d’aisles, de bride
que d’esperon : à quoy principalement ont
regardé les grands legislateurs et fondateurs
d’estats : les peuples fort mediocrement spirituels
vivent en plus de repos que les ingenieux.
Il y a eu plus de troubles et seditions en dix ans
en la seule ville de Florence, qu’en cinq cens
ans aux païs des Suysses et Grisons ;
- ↑ « L'esprit humain est, de sa nature, opiniâtre ; il tend toujours avec effort à tout ce qui lui résiste ou lui oppose des difficultés ; il suit plus facilement qu'il n'est conduit, semblable à ces courriers nobles et généreux, qui n'obéissent qu'à un frein doux et facile ». Senec.
- ↑ A son gré, à sa fantaisie.