desja atteinct, faict bouillir le sang en nostre cœur, et leve des furieuses vapeurs en nostre esprit, qui
nous aveuglent et nous precipitent à tout ce
qui peust contenter le desir que nous avons de
nous venger. C’est une courte rage, un chemin
à la manie ; par sa prompte impetuosité et
violence, elle emporte et surmonte toutes
passions : « repentia et universa vis ejus est
[1]. ».
Les causes qui disposent à la cholere, sont foiblesse d’esprit, comme nous voyons par experience les femmes, vieillards, enfans, malades, estre plus choleres : « Invalidum omne naturâ querelum est [2] ». L’on se trompe de penser qu’il y a du courage où y a de la violence ; les mouvemens violens ressemblent aux efforts des enfans et des vieillards, qui courent quand ils pensent cheminer ; il n’y a rien si foible qu’un mouvement desreiglé, c’est lascheté et foiblesse que se cholerer. Maladie d’esprit, qui le rend tendre et facile aux coups, comme les parties ulcerées au corps, où la santé interessée s’estonne et blesse de peu de chose : nusquam sine querelâ ægrea tanguntur [3] ; la perte d’un denier, ou l’obmission d’un gain, met en cholere un avare ; un rire, ou regard de sa femme, courrouce