mesme, le cheval accoustumé à la
guerre dormant en sa lictiere tremousse et
fremist, comme s’il estoit en la meslée, conçoit
un son de tambour, de trompette, une
armée : le levrier en songe halettant, allongeant
la queue, secouant les jarrets, conçoit
un lievre spirituel : les chiens de garde grondent
en songeant, et puis jappent tout à faict,
imaginant un estranger arriver. Pour conclure
ce premier poinct, il faut dire que les bestes
ratiocinent, usent de discours et jugement,
mais plus foiblement et imparfaictement que
l’homme. Elles sont inferieures en cela à
l’homme, et non pas qu’elles n’y ayent du
tout point de part. Elles sont inferieures à
l’homme, comme entre les hommes les uns
sont inferieurs aux autres, et aussi entre les
bestes s’y trouve telle difference : mais encore
y a-il plus grande difference entre les
hommes ; car, comme se dira après, il y a
plus grande distance d’homme à homme, que
d’homme à beste[1].
Mais pour tout cela l'on ne peust pas inferer une equalité ou pariage [2] de la beste avec l'homme (combien que, comme Aristote dict, il y a des hommes si