profict ; en ce faisant, il se forme à l’innocence,
simplicité, liberté et douceur naturelle, qui
reluit aux bestes, et est toute alterée et
corrompue en nous par nos artificielles inventions
et desbauches, abusant de ce que nous disons
avoir par dessus elles, qui est l’esprit et jugement.
Et Dieu tant souvent nous renvoye à
l’eschole et à l’exemple des bestes, du milan,
la cicogne, l’arondelle, tourterelle, la fourmy,
le bœuf et l’asne, et tant d’autres. Au
reste, il se faut souvenir qu’il y a quelque
commerce entre les bestes et nous, quelque
relation et obligation mutuelle, ne fust-ce
que parce qu’elles sont à un mesme maistre,
et de mesme famille que nous ; il est indigne
d’user de cruauté envers elles : nous devons
la justice aux hommes, la grace et la benignité
envers les autres creatures qui en sont
capables
[1].
- ↑ Cette dernière phrase est tirée textuellement de Montaigne. Voyez le chapitre XI du liv. II ; page 474 de notre édition.