sibles et receuës
avec reverence, sont fausses et erronées, et qui pis est la pluspart incommodes à la societé humaine. Et encore
que quelques sages, qui sont en fort petit
nombre, sentent mieux que le commun, et
jugent de ces opinions comme il faut, si est-ce
que quelques fois ils s’y laissent emporter, sinon
en toutes et tousiours, mais à quelques-unes
et quelquesfois : il faut estre bien ferme et
constant pour ne se laisser emporter au courant,
bien sain et preparé pour se garder net
d’une contagion si universelle : les opinions
generalles receuës avec applaudissement de
tous et sans contradiction sont comme un torrent
qui emporte tout :
Proh superi ! quantum mortalia cæcæ
Noctis habent !.....
O miseras hominum mentes et pectora cæca !
Qualibus in tenebris vitæ, quantisque periclis
Degitur hoc ævi quodcumque est !.....[1]
Or ce seroit chose bien longue de specifier et nommer les foles opinions dont tout le monde est abreuvé. Mais en voyci quelques-unes, qui seront traictées plus au long en leurs lieux.
1. Juger des advis et conseils par les evenemens,
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« O dieux ! dans quelle nuit obscure sont plongés les cœurs mortels !....... O esprits misérables des hommes ! ô cœurs aveugles ! Dans quelles ténèbres vivons-nous, et à quels grands périls tout ce qui vie n'est-il pas exposé ? » Ovid. Metam. liv. VI, V. 472. — Lucret. liv. II, V.14.