portion, estant infini ; et ainsi est-il impossible de les avoir assez pour ce regard : mais
j’entends assez pour le regard de ce que pouvons
et debvons. Nous n’eslevons ny ne guindons
pas assez haut et ne roidissons assez la
poincte de nostre esprit, quand nous imaginons
la Divinité : comment assez ! Nous la concepvons
tres-bassement ; nous la servons de
mesme tres-indignement ; nous agissons avec
elle plus vilement qu’avec certaines creatures.
Nous parlons non seulement de ses œuvres,
mais de sa majesté, volonté, jugemens, avec
plus de confidence
[1] et de hardiesse que l’on
ne feroit d’un prince, ou autre homme d’honneur.
Il y a plusieurs hommes qui refuseroient
un tel service et recognoissance, et se tiendroient
offensez et violez, si l’on parloit
d’eux, et que l’on employast leur nom si vilement
et sordidement, l’on entreprend de le
mener, flatter, ployer, composer avec luy,
affin que je ne dise, braver, menacer, gronder
et despiter. Cesar disoit à son pilote qu’il
ne craignist de voguer et le conduire contre le
destin et la volonté du ciel et des astres, se
fiant sur ce que c’est Caesar qu’il meine
[2].
Auguste ayant esté battu de la tempeste sur
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LIVRE I, CHAPITRE XLII.