plus glorieux que l’homme ?
Car d’une part il se feinct de très hautaines
et riches opinions de l’amour, soin et affection
de Dieu envers luy, comme son mignon, son
unique ; et cependant il le sert très indignement :
comment se peuvent accorder et subsister
ensemble une vie et un service si chetif
et miserable d’une part, et une opinion et
creance si glorieuse et si hautaine de l’autre ?
C’est estre ange et porceau tout ensemble :
c’est ce que reprochoit un grand philosophe
aux chrestiens, qu’il n’y avoit gens plus fiers
et glorieux à les ouyr parler, et en effect plus
lasches et vilains. C'est un ennemy qui parle injure, mais qui touche bien justement les hypocrites.
Il nous semble aussi que nous pesons et importons fort à Dieu, au monde, à toute la nature, qu’ils se peinent et ahannent en nos affaires, ne veillent que pour nous, dont nous nous esbahissons des accidens qui nous arrivent ; et cecy se void encore mieux à la mort. Peu de gens se resolvent et croyent que ce soit leur derniere heure ; et presque tous se laissent lors piper à l’esperance. Cela vient de presomption, nous faisons trop cas de nous, et nous semble que l’univers a grand interest à nostre mort ; que les choses nous faillent à mesure que nous leur faillons, ou qu’elles mesmes se faillent à mesure qu’elles nous faillent ; qu’elles vont mesme bransle avec nous, comme à ceux qui vont sur l’eaue ; que le ciel, la terre, les villes, se remuent : nous pensons