humaine, par dessus les autres ; mais ceux qui,
d’une touche divine, et par quelque singuliere
vertu et don du ciel, surpassent les autres,
dont ils sont appellez heroes
[1].
En l’obeir est l’utilité, l’aisance, la necessité ; tellement que, pour la conservation du public, il est
encore plus requis que le bien commander ;
et est beaucoup plus dangereux le desny d’obeir,
ou le mal obeir, que le mal commander.
Tout ainsi qu’au mariage, bien que le
mary et la femme soyent egalement obligés à
la loyauté et fidelité, et l’ayent tous deux
promis par mesmes mots, mesmes ceremonies
et solemnités, si est-ce que les inconveniens
sortent, sans comparaison, plus grands de la
faute et adultere de la femme que du mary :
aussi bien que le commander et obeir soyent
pareillement requis en tout estat et compagnie,
si est-ce que les inconveniens sont bien
plus dangereux de la desobeyssance des subjects
que de la faute des commandans. Plusieurs
estats ont longuement roulé et assez
heureusement duré soubs de très meschans
princes et magistrats, les subjects s’y accommodans
et obeissans ; dont un sage interrogé
pourquoy la republique de Sparte estoit si
florissante, si c’estoit pource que les roys
commandoient bien ;
- ↑ Platon, dans son dialogue intitulé Cratylus, donne une autre raison de cette dénomination. Les héros, dit-il, s'appellent ainsi, parcequ'ils sont nés du commerce de quelques dieux avec les mortelles ; etc.