et à trouver douces les poinctures de
la fortune
[1]. Et puis enfin on ne contredict
pas que celuy qui s’en passe ne fasse encore
mieux. Mais à l’honneur du mariage, le chrestien
dict que Dieu l’a institué au paradis
terrestre avant toute autre chose, en l’estat
d’innocence et perfection ; voylà quatre
recommandations, la quatriesme passe tout et
sans replique. Despuis le fils de Dieu l’a
approuvé et honoré de sa presence, son premier
miracle, et miracle faict en faveur dudict estat
et des gens mariez, et l’a honoré de ce privilege,
qu’il sert de figure de ceste grande
union de luy avec son eglise, et pour ce il a
esté appelé mystere et grand.
A la verité le mariage n’est point chose indifferente ou mediocre ; c’est du tout un grand bien ou un grand mal, un grand repos ou un grand trouble, un paradis ou un enfer ; c’est une très douce et plaisante vie, s’il est bien faict ; un rude et dangereux marché, et une bien espineuse et poisante liaison, s’il est mal rencontré ; c’est une convention où se verifie bien à poinct ce que l’on dict : home homini deus, aut lupus [2].
Mariage est un ouvrage basti de plusieurs pieces ;