tient, qui ne sçait ce qu’il dit ny ce qu’il fait : Il
n’y a que les sots qui se laissent ainsi mener, et ce
livre n’est pas pour eux ; s’il estoit populairement
receu et accepté, il se trouveroit bien descheu de
ses pretentions : Il faut ouyr, conisiderer et faire
compte des anciens, non s’y captiver qu’avec la
raison : et quand on les voudroit suivre, comment
fera-t-on ? Ils ne sont pas d’accord. Aristote
qui a voulu sembler le plus habile, et a entreprins
de faire le procez à tous ses devanciers,
a dit de plus lourdes absurdités que tous, et n’est
point d’accord avec soy-mesme, et ne sçait
quelquefois où il en est, tesmoin les matieres de
l’ame humaine, de l’éternité du monde, de la
generation des vents, et des eaux, etc. Il ne se
faut pas esbahir si tous ne sont de mesmee advis,
mais bien se faudroit-il esbahir si tous en estoient :
Il n’y a rien plus seant à la nature, et a l’esprit
humain que la diversité. Le sage divin S. Paul
nous met tous en liberté par ces mots :
Que chacun abonde en son sens, et que personne ne
juge ou condamne celuy qui fait autrement, et
est d’advis contraire
[1] : et le dit en matiere bien
plus forte et chatouilleuse, non en fait et observation
externe, où nous disons qu’il se faut conformer
au commun, et a ce qui est prescript au
- ↑ St. Paul, aux Romains, chap. XIV, V. 5.