cerner l’homme de la beste ; si elles n’estoient dissemblables, l’on ne sçauroit discerner l’homme de l’homme. C’est un artifice de nature, qui a
posé en ceste partie quelque secret de contenter
un ou autre en tout le monde. Car de
ceste diversité vient qu’il n’y a personne qui
ne soit trouvé beau par quelqu’un. 5. Dignité
et honneur en sa figure ronde, en sa forme
droitte et haut elevée, nue et descouverte,
sans poil, plume, ou escaille,
comme aux bestes, visant au ciel. 6. Grace, douceur,
venusté plaisante et agreable, jusques à crochetter
les cœurs et ravir les volontés, comme
a esté dit cy-dessus. Bref, le visage est le
throsne de la beauté et de l’amour, le siege
du ris et du baiser, deux choses très propres
à l’homme, très agreables, les vrays et plus
exprès symboles d’amitié et de bonne intelligence.
7. Finalement il est propre à tous
changemens, pour declarer les mouvemens
internes et passions de l’ame ; joye, tristesse,
amitié, hayne, envie, malice, honte, cholere,
despit, jalousie, et autres : il est comme
la monstre de l’horloge, qui marque les heures
et momens du temps, estans les mouvemens et
roues cachés au dedans ; et comme l’air, qui
reçoit toutes les couleurs et changemens du
temps, monstre quel temps il fait ; aussi dit-on
l’air du visage, corpus animum tegit, et detegit ; in facie legitur homo
[1].
- ↑ « Le corps couvre l'ame et la découvre. On lit l'homme