l'ame
[1] (qui est une qualité et reiglement d’opinions et de jugemens avec une fermeté et constance) ; car il n’est rien plus vray-semblable, que la conformité et relation
du corps à l’esprit : quand elle n’y est, il faut
penser qu’il y a quelque accident qui a interrompu
le cours ordinaire, comme il advient, et nous le voyons souvent. Car le laict de la nourrice, l’institution premiere, les compagnies, apportent de grands changemens au naturel originel de l’ame, soit en bien, soit en
mal. Socrates confessoit que la laideur de
son corps accusoit justement la laideur naturelle
de son ame, mais que par institution il
avoit corrigé celle de l’ame. C’est une foible et
dangereuse caution, que la mine : mais ceux
qui dementent leur bonne physionomie, sont
plus punissables que les autres ; car ils falsifient
et trahissent la promesse bonne que nature a
plantée en leur front, et trompent le monde
[2].
- ↑ L'auteur de l'Analyse de la Sagesse de Charrron, imprimée en 1763, et auquel j'emprunterai quelques observations morales, prétend qu'on a remarqué que presque toutes les jolies femmes n'avaient point de caractère ! Ce n'est guère galant, et il méritait de rencontrer une belle femme qui lui prouvât le contraire.
- ↑ Variante. Nous debvrions, selon le conseil de Socrates, nous rendre plus attentifs et assidus à considerer les beautés des esprits, et y prendre le mesme plaisir que nous faisons aux beautés du corps, et par là nous approcher, rallier, conjoindre, et concilier en amitié ; mais il faudroit à cela des yeux propres et philosophiques.