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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/111

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naistre en nous par la vieillesse, impuissance et desgoust des choses, ce seroit laisser corrompre son jugement ; car les choses ne sont pas changées pource que nous sommes changez par l’aage, maladie, ou autre accident. L’assagissement ou amandement qui vient par le chagrin, le desgoust et foiblesse, n’est pas vray ny consciencieux, mais lasche et catarreux. Il ne faut poinct que la lascheté du corps serve de courretier pour nous ramener à Dieu et à nostre debvoir ou repentance ; mais la vraye repentance et vray ravisement est un don de Dieu qui nous touche le courage, et doibt naistre en nous, non par la foiblesse du corps, mais par la force de l’ame et de la raison. Or de la vraye repentance naist une vraye, franche et consciencieuse confession de ses fautes. Comme aux maladies du corps l’on use de deux sortes de remedes, l’un qui guarit ostant la cause et racine de la maladie, l’autre qui ne faict que pallier et endormir le mal, dont celuy-là est plus cuisant que cestuy-ci, mais aussi plus salutaire : ainsi aux maladies de l’ame le vray