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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/214

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est capable de toutes choses ; c’est laisser endormir et pipper à la longue accoustumance la veuë de son esprit, et endurer que la prescription puisse sur nostre jugement. Finalement c’est l’office de l’esprit genereux et de l’homme sage (que je tasche de peindre icy) d’examiner toutes choses, considerer à part, et puis comparer ensemble toutes les loix et coustumes de l’univers qui luy viennent en cognoissance, et les juger de bonne foy et sans passion au niveau de la verité, de la raison et nature universelle, à qui nous sommes premierement obligez, sans se flatter et tacher son jugement de faulseté, et se contenter de rendre l’observance et obeyssance à celles ausquelles nous sommes secondement et particulierement obligez, et ainsi aucun n’aura de quoy se plaindre de nous. Il adviendra quelquesfois que nous ferons, par une seconde, particuliere et municipale obligation (obeyssant aux loix et coustumes du pays), ce qui est contre la premiere et plus ancienne, c’est-à-dire la nature et raison universelle : mais nous luy satisfaisons tenant nostre jugement et nos opinions sainctes et justes selon elle. Car aussi nous n’avons rien nostre, et de quoy nous puissions librement disposer que de cela,