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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/223

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crier et s’opiniastrer, s’arrester tout en une formule artiste, et ne voir rien au fond ; ce sont choses qui se practiquent ordinairement par les pedans et sophistes. Voyci comment se cognoist et se remarque la sagesse et pertinence d’avec la sottise et impertinence ; ceste-cy est presomptueuse, temeraire, opiniastre, asseurée ; celle-là ne se satisfaict jamais bien, est crainctifve, retenue, modeste : celle-là se plaist, sort du combat gaye, glorieuse, comme ayant gaigné, avec un visage qui veust faire croire à la compagnie qu’elle est victorieuse. Le septiesme, s’il y a lieu de contradiction, il faut adviser qu’elle ne soit hardie, ny opiniastre, ny aigre. En ces trois cas elle ne seroit bien venuë, et feroit à son autheur plus de mal qu’ à tout autre. Pour estre bien prinse de la compagnie, faut qu’elle naisse tout-à-l’heure mesme du propos qui se traicte, et non d’ailleurs, ny d’autre chose precedente ; qu’elle ne touche poinct la personne, mais la chose seulement, avec quelque recommandation de la personne, s’il y eschet, et qu’elle soit doucement raisonnée.


LIVRE 2 CHAPITRE 10


se conduire prudemment aux affaires.