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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/232

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L’ayant suyvi comme bon, venant de bonne main et amis, ne s’en faut poinct repentir, encore qu’il ne succede ainsi que l’on avoit esperé. Souvent de bons conseils en arrivent de mauvais effects. Mais le sage se doibt plustost contenter d’avoir suyvi un bon conseil qui aura eu mauvais effect, qu’un mauvais conseil suyvi d’un bon effect, comme Marius, (…) ; et ne faire comme les sots, qui, après avoir meurement deliberé et choisy, pensent après avoir prins le pire, parce qu’ils ne poisent plus que les raisons de l’opinion contraire, sans y apporter le contrepoids de celles qui les ont induict à cela. Cecy est bien dict briefvement pour ceux qui cherchent conseil : pour ceux qui le donnent, sera parlé en la vertu de prudence, de laquelle le conseil est une grande et suffisante partie. Le cinquiesme advis que je donne icy à se bien conduire aux affaires est un temperament et mediocrité entre une trop grande fiance et deffiance, craincte et asseurance : trop se fier et asseurer souvent nuict, et deffier offense : il se faut bien garder de faire demonstration aucune de deffiance, quand bien elle y seroit et justement ; car c’est desplaire, voire offenser et donner occasion de nous estre contraire. Mai