Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sages cherchent par mer et par terre, à pied et à cheval : tout nostre soin doibt tendre là ; c’est le fruict de tous nos labeurs et estudes, la couronne de sagesse. Mais affin que l’on ne se mescompte, il est à sçavoir que ceste tranquillité n’est pas une retraicte, une oysiveté ou vacation de tous affaires, une solitude delicieuse et corporellement plaisante, ou bien une profonde nonchalance de toutes choses. S’il estoit ainsi, plusieurs femmes, faineans, poltrons et voluptueux, jouyroient à leur aise d’un si grand bien, auquel aspirent les sages avec tant d’estude : la multitude ny rareté des affaires ne faict rien à cecy. C’est une belle, douce, egale, unie, ferme et plaisante assiette et estat de l’ame, que les affaires, ny l’oysiveté, ny les accidens bons ou mauvais, ny le temps ne peust troubler, alterer, elever, ny ravaller : (…). Les moyens d’y parvenir, de l’acquerir et conserver, sont les poincts que j’ay traictés en ce livre second, dont en voyci le recueil ; et gisent à se deffaire et garantir de tous empeschemens, puis se garnir des choses qui l’entretiennent et conservent. Les choses qui plus empeschent et troublent le repos et tranquillité d’esprit sont les opinions communes et