Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la premiere chose requise avant toute oeuvre est la cognoissance de l’estat ; car la premiere reigle de toute prudence est en la cognoissance, comme a esté dict au livre precedent. Le premier en toutes choses est sçavoir à qui l’on a affaire. Parquoy d’autant que ceste prudence, regente et moderatrice des estats, qui est une addresse et suffisance de gouverner en public, est chose relatifve qui se manie et traicte entre les souverains et les subjects ; le debvoir et office premier d’icelle est en la cognoissance des deux parties, sçavoir des peuples et de la souveraineté, c’est-à-dire de l’estat. Il faut donc premierement bien cognoistre les humeurs et naturels des peuples. Ceste cognoissance façonne, et donne advis à celuy qui les doibt gouverner. Le naturel du peuple en general a esté despeinct au long au premier livre (leger, inconstant, mutin,