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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/303

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propre ; car ceux qui craignent Dieu n’osent attenter ny penser chose contre le prince, qui est son image en terre, et l’estat : car, comme enseigne souvent Lactance, c’est la religion qui maintient la societé humaine, qui ne peust autrement subsister, et se remplira tost de meschancetez, cruautez bestiales, si le respect et la craincte de religion ne tient les hommes en bride. Et au contraire l’estat des romains s’est accreu et rendu si florissant, plus par la religion, disoit Ciceron mesme, que par tous autres moyens. Parquoy le prince doibt soigner que la religion soit conservée en son entier selon les anciennes ceremonies et loix du pays, et empescher toute innovation et brouillis en icelle, chastier rudement ceux qui l’entreprennent. Car certainement le changement en la religion, et l’injure faicte à icelle, traisne avec soy un changement et empirement en la republique, comme discourt très bien Mecenas à Auguste. Après la pieté vient la justice, sans laquelle les estats ne sont que brigandage, laquelle le prince doibt garder et faire valoir et en soy et autres : en soy, car il faut abominer ces paroles tyranniques et barbares qui dispensent les souverains de toutes loix,