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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/311

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tout ouvertement, affin que l’on le tienne pour tel. Tout cecy est plus en obmission à se retenir et non agir ; mais il luy est quelquesfois requis de passer oultre et venir à l’action : icelle est double. L’une est à faire et dresser practiques et intelligences secrettes, attirer finement les cœurs et services des officiers, serviteurs et confidens des autres princes et seigneurs estrangers ou de ses subjects. C’est une ruse qui est fort en vogue et toute commune entre les princes, et un grand traict de prudence, dict Ciceron. Cecy se faict aucunement par persuasion, mais principalement par presens et pensions, moyens si puissans, que non seulement les secretaires, les premiers du conseil, les amis, les mignons, sont induicts par-là à donner advis et destourner les desseins de leur maistre, les grands capitaines à prester leurs mains en la guerre, mais encore les propres espouses sont gaignées à descouvrir les secrets de leurs maris. Or ceste ruse est allouée et approuvée de plusieurs sans difficulté et sans scrupule. à la verité, si c’est contre son ennemy, contre son subject, que l’on tient pour suspect, et encore contre tout estranger avec lequel l’on n’a poinct d’alliance ny de convention de fidelité et amitié, il n’y a poinct de doubte ; mais contre ses alliez,