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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/318

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meschant ; suscite les rebellions. Car la craincte qui retient en debvoir doibt estre temperée et douce : si elle est trop aspre et continuelle, elle se change en rage et vengeance : (…). Elle est aussi très utile au prince et à l’estat, elle acquiert la bienveillance des subjects, et par ainsi asseure et affermit l’estat, (…) (comme sera dict après) ; aussi très honorable au souverain : car les subjects l’honoreront et adoreront comme un dieu, leur tuteur, leur pere ; et au lieu de le craindre, ils craindront tous pour luy, auront peur qu’il ne luy mesadvienne. Ce sera donc la leçon du prince, sçavoir tout ce qui se passe, ne relever pas tout, voire dissimuler souvent, aymant mieux estre estimé avoir trouvé de bons subjects que les avoir rendus tels, accommoder le pardon aux legeres fautes, la rigueur aux grandes, ne chercher pas tousiours les supplices (qui sont aussi honteux et infames au prince, qu’au medecin plusieurs morts de maladies), se contenter souvent de la repentance, comme suffisant chastiment. (…).