Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et impunité à tels descouvrans : mais aussi ne faut-il croire legerement à tout rapport. Faut bien prester l’oreille à tous, non la foy, et examiner bien diligemment, affin de n’accabler les innocens et se faire hayr et maudire au peuple. Le second est d’essayer par clemence et innocence à se faire aymer de tous, mesme de ses ennemis : (…). N’offensant personne, on donne ordre de ne l’estre poinct ; et c’est mal à propos faire valoir sa puissance par outrages et offenses : (…). Le troisiesme est tenir bonne mine à l’accoustumé, sans rien ravaller ; et publier par-tout qu’il est bien adverty de toutes les menées qu’on dresse, et faire croire que rien ne se remuë qu’il n’en sente incontinent le vent. Ce fut un expedient que fournit utilement quelqu’un à Denys, tyran de Sicile, qui luy cousta un talent. Le quatriesme est d’attendre sans effroy et sans trouble tout ce qui pourra advenir. Caesar practiqua bien ces trois derniers moyens, mais