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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/123

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soubs ce mot d’honorer ses parens. Le premier est la reverence, non seulement externe, en gestes et contenances, mais encore plus interne, qui est une saincte et haute opinion et estimation, que l’enfant doibt avoir de ses parens comme autheurs, cause et origine de son estre et de son bien, qualité qui les faict ressembler à Dieu. Le second est obeyssance, voire aux plus rudes et difficiles mandemens du pere, comme porte l’exemple des rechabites, qui, pour obeyr au pere, se priverent de boire vin toute leur vie, et Isaac ne fit difficulté de tendre le col au glaive de son pere. Le tiers est de secourir aux parens en tout besoin, les nourrir en leur vieillesse, impuissance, necessité, les secourir et assister en tous leurs affaires. Nous avons exemple et patron de cela, mesme aux bestes, en la cicoigne, comme Sainct Basile faict tant valoir. Les petits cicoigneaux nourrissent leurs parens vieils, les couvrent de leurs plumes lors qu’elles leur tombent ; ils s’accouplent et se joignent pour les porter sur leur dos, l’amour leur fournissant cest art. Cest exemple est si vif et si exprès, que le debvoir des enfans aux parens a esté signifié par le faict de ceste beste, (…). Et les hebreux appellent ceste beste, à cause de cecy, chafida, c’est-à-dire la debonnaire,