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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/131

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au livre 1, chap. 46 ; de leur debvoir à gouverner estats a esté parlé très amplement au livre present, chap. 2 et 3, qui est de la prudence politique : toutesfois nous toucherons icy les chefs et traicts generaux de leur debvoir. Le souverain, comme mediateur entre Dieu et les peuples, et debiteur à tous deux, se doibt tousiours souvenir qu’il est l’image vifve, l’officier et lieutenant general du grand dieu son souverain, et aux peuples un flambeau luisant, un miroir esclairant, un theatre elevé auquel tous regardent, une fontaine en laquelle tous vont puiser, un esguillon à la vertu, et qui ne faict aucun bien qui ne porte sur plusieurs, et ne soit mis en registre et en compte. Il doibt donc premierement estre craignant Dieu, devot, religieux, observateur de pieté, non seulement pour soy et sa conscience comme tout autre homme, mais pour son estat et comme souverain. La pieté que nous requerons icy au prince est le soin qu’il doibt avoir et monstrer à la conservation de la religion et des ceremonies anciennes du pays, pourvoyant par loix et peines à ce qu’il ne se fasse aucun changement, ny trouble, ny innovation en la religion. C’est chose qui faict grandement à son honneur et seureté (car tous reverent, obeyssent plus volontiers, et plus tard entreprennent contre celuy qu’ils voyent reverer Dieu, et croyent estre en sa tutele et sauve-garde. (…))