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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/152

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de la main des tyrans les oppressez. Ceux qui ont faict le semblable ont esté dicts heros et demy-dieux ; et à tels tous honneurs ont esté anciennement decernez : sçavoir aux bien meritans du public et liberateurs des oppressez. Ce n’est pas grandeur de se faire craindre et redoubter (sinon à ses ennemis), et faire trembler le monde, comme font aucuns, qui aussi se font hayr : (…). Il vaut mieux estre aymé qu’adoré. Cela vient d’un naturel altier, farouche, dont ils morguent et desdaignent les autres hommes comme l’ordure et la voirie du monde, et comme s’ils n’estoient pas aussi hommes, et de là degenerent à la cruauté, et abusent des petits, de leurs corps et biens : chose toute contraire à la vraye grandeur et noblesse, qui en doibt prendre la deffense. 2 le debvoir des petits envers les grands est aussi en deux choses, les honorer et respecter non seulement par ceremonie et contenance, qui se doibt rendre aux bons et aux meschans, mais de cœur et d’affection, s’ils le meritent et sont amateurs du public. Ce sont deux, honorer et estimer, deubs aux bons et vrayement grands ; aux autres ployer le genouil, faire inclination de corps non de coeur, qui est estimer et