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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/157

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Or, ce n’est qu’une petite parcelle et bien petit rayon de la vraye, entiere, parfaicte et universelle, pour laquelle l’homme est tel seul qu’en compagnie, en un lict avec les douleurs qu’au camp, aussi peu craignant la mort en la maison qu’en l’armée. Ceste militaire vaillance est pure et naturelle aux bestes, chez lesquelles elle est pareille aux femelles qu’aux masles : aux hommes elle est souvent artificielle, acquise par la craincte et apprehension de captivité, de mort, de douleur, de poureté, desquelles choses la beste n’a poinct de peur. La vaillance humaine est une sage coüardise, une craincte accompagnée de science d’esviter un mal par un autre ; cholere est sa trempe et son fil : les bestes l’ont toute pure. Aux hommes aussi elle s’acquiert par l’usage, institution, exemple, coustume, et se trouve ez ames basses et viles : de valet et facteur de boutique se faict un bon et vaillant soldat, et souvent sans aucune teincture de la vertu et vraye vaillance philosophique. La seconde condition, elle presuppose cognoissance, tant de la difficulté, peine et danger qu’il y a au faict qui se presente, que de la beauté, honnesteté, justice et debvoir requis en l’entreprinse ou soustenement d’iceluy ; parquoy faillent ceux qui mettent vaillance en une temerité inconsiderée, ou bien bestise et st