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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/170

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C’est folie de se fascher et se soucier de ce qui ne vient pas de sa faute. Le moyen d’oster aux autres occasion d’en faire leurs comptes est d’en parler le premier et monstrer que l’on le sçait bien : si c’est de nostre faute que l’injure a prins sa naissance, et qu’avons donné occasion à cest affront, pourquoy nous en courroucerons-nous ? Ce n’est pas offense, c’est correction, laquelle il faut recepvoir et s’en servir comme d’un chastiment : mais bien souvent elle vient de nostre propre foiblesse, qui nous rend trop douillets. Or il se faut deffaire de toutes ces tendres delicatesses qui nous font vivre mal à nostre aise, mais d’un courage masle, fort et ferme, mespriser et fouler aux pieds les indiscretions et folies d’autruy. Ce n’est pas signe qu’un homme soit sain, quand il s’escrie à chasque fois que l’on le touche. Jamais vous ne serez en repos, si vous vous formalisez de tout ce qui se presente. Ils se tirent aussi de la personne qui offense. Representons-nous en general les mœurs et humeurs des personnes avec lesquelles il nous faut vivre au monde. La pluspart des hommes ne prend plaisir qu’ à mal faire, ne mesure sa puissance que par le dedain et injure d’autruy : tant peu y en a qui prennent plaisir à bien faire. Il faut donc faire estat que, de quelque costé que nous nous tournions, nous trouverons qui nous heurtera et offensera. Par-tout où nous trouverons des hommes, nous trouverons des injures. Cela