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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/189

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qu’ à l’endroict où nous l’habitons ; mais encore ce changement du plancher de dessoubs n’est rien. Qu’importe estre né en un lieu, et vivre en un autre ? Nostre mere se pouvoit accoucher ailleurs ; c’est rencontre que nous naissions çà ou là. Dadvantage, toute terre porte, produict et nourrit des hommes, fournit tout ce qui est necessaire. Toute terre porte des parens ; la nature nous a tous conjoincts de sang et de charité. Toute terre porte des amis ; il n’y a qu’ à en faire, et se les concilier par vertu et sagesse. Toute terre est pays à l’homme sage, ou plustost nulle terre ne luy est pays. C’est se faire tort, c’est foiblesse et bassesse de cœur de se porter ou penser estranger en quelque lieu. Il faut user de son droict, et par-tout vivre comme chez soy et sur le sien, (…). Et puis quel changement ou incommodité nous apporte la diversité du lieu ? Ne portons-nous pas tousiours nostre mesme esprit et vertu ? Qui peust empescher, disoit Brutus, que le banny n’emporte avec