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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/20

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Toutesfois le monde est plein de perfides : peu y en a qui bien et entierement gardent leur foy : ils la rompent en diverses façons, et ne le sentent pas. Moyennant qu’ils trouvent quelque pretexte et couleur, ils pensent estre sauvez. Les autres estudient et cherchent des cachettes, fuytes, subtilitez : (…). Or, pour vuider toutes les difficultez qui sont en ceste matiere, et sçavoir au vray comment il s’y faut porter, il y a quatre considerations, ausquelles tout se peust rapporter ; les personnes, tant celuy qui donne la foy que celuy qui la reçoit ; la chose subjecte, dont est question ; et la maniere que la foy a esté donnée. Quant à celuy qui donne la foy, faut qu’il aye puissance de ce faire : s’il est subject d’autruy, il ne la peust donner ; et, l’ayant donnée sans congé ou approbation de son maistre, est de nul effect, comme il fust bien monstré au tribun Saturnin et ses complices, qui, sortis du Capitole (qu’ils avoient prins par rebellion) sur la foy des consuls, subjects et officiers de la republique, furent justement tuez. Mais tout homme libre et à soy doibt tenir sa foy, tant grand soit-il et souverain : voire plus est grand, plus y est-il