Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de sçavoir pardonner. Un chascun peust poursuyvre la raison et la justice du tort qu’il a receu ; mais donner grace et remission, il n’appartient qu’au prince souverain. Si donc tu veux estre roy de toy mesme, et faire acte royal, pardonne librement, et use de grace envers celuy qui t’a offensé. Secondement, qu’il n’y a rien de si grand et victorieux que la dureté et insensibilité courageuse aux injures, par laquelle elles retournent et rejaillissent entieres aux injurians, comme les coups roides assenez aux choses très dures et solides, qui ne font autre chose que blesser et estourdir la main et le bras du frappeur : mediter vengeance est se confesser blessé ; se plaindre c’est se dire atteinct et inferieur. (…). L’on objecte qu’il est dur, grief et honteux de souffrir une offense ; je l’accorde, et suis d’advis de ne souffrir, ains de vaincre et demeure