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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/230

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plus sobre, moderée, et ennemie des desbauches et des vices que la leur. Et n’est pas encore du tout sans quelque raison qu’ils ont appellé ceste indolence et estat paisible, volupté : car ce chatouillement, qui semble nous elever au dessus de l’indolence, ne vise qu’ à l’indolence comme à son but ; comme, par exemple, l’appetit qui nous ravit à l’accointance des femmes, ne cherche qu’ à fuyr la peine que nous apporte le desir ardent et furieux à l’assouvir, nous exempter de ceste fievre et nous mettre en repos. L’on a parlé fort diversement, trop court et destroussement de la volupté : les uns l’ont deifiée ; les autres l’ont detestée comme un monstre, et au seul mot ils tresmoussent, ne le prenant qu’au criminel. Ceux qui la condamnent tout à plat disent que c’est chose 1 courte et brefve, feu de paille, mesme si elle est vifve et actifve : 2 fresle et tendre, aisement et pour peu corrompue et emportée, une once de douleur gastera une mer de plaisir ; cela s’appelle l’artillerie enclouée : 3 humble, basse, honteuse, s’exerçant par vils outils en lieux cachez et honteux, au moins pour la pluspart ; car il y a des voluptez pompeuses et magnifiques : 4 subjecte bientost à satieté ; l’homme ne sçauroit demeurer long-temps en la volupté ; il en est impatient ; dur, robuste autrement à la douleur, comme a esté dict : 5 suyvie le plus souvent du repentir, produisant de très pernicieux effects, ruine des personnes, familles, republiques : et sur-tout ils alleguent