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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/233

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long-temps ; le corps s’en sent peu. D’autres où le corps a plus de part, comme celles du goust et de l’attouchement, plus grossieres et materielles, esquelles les bestes nous font compagnie : telles voluptez se traictent, exploictent, s’usent et achevent au corps mesme, l’esprit n’y a que l’assistance et compagnie, et sont courtes, c’est feu de paille. Le principal en cecy est sçavoir comment il se faut comporter et gouverner aux voluptez ; ce que la sagesse nous apprendra : et c’est l’office de la vertu de temperance. Il faut premierement faire grande et notable difference entre les naturelles et non naturelles. Par les non naturelles nous n’entendons pas seulement celles qui sont contre nature, et le droict usage approuvé par les loix ; mais encore les naturelles mesme, si elles degenerent en trop grand excez et superfluité, qui n’est poinct du roolle de la nature, qui se contente de remedier à la necessité, à quoy l’on peust encore adjouster la bienseance et honnesteté commune. C’est bien volupté naturelle d’estre clos et couvert par maison et vestemens, contre la rigueur des elemens et injure des meschans : mais que ce soit d’or, d’argent, de jaspe et porphyre, il n’est pas naturel. Ou bien si elles arrivent par autre voye que