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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/36

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mot, que l’amy tousiours regarde, sert, procure, et pousse à ce qui est de la raison, de l’honneste et du debvoir ; le flatteur à ce qui est de la passion, du plaisir, et qui est jà malade en l’ame du flatté : dont il est instrument propre à toutes choses de volupté et de desbauche, et non à ce qui est honneste ou penible et dangereux : il semble le singe, qui, n’estant propre à aucun service, comme les autres animaux, pour sa part il sert de jouet et de risée. à la flatterie est fort conjoinct et allié le mentir, vice vilain ; dont disoit un ancien que c’estoit aux esclaves de mentir, et aux libres de dire verité. Quelle plus grande lascheté que se desdire de sa propre science ? Le premier traict de la corruption des mœurs est le bannissement de verité, comme au contraire, dict Pindare, estre veritable est le commencement de grande vertu. Et pernicieux à la societé humaine. Nous ne sommes hommes, et ne nous tenons les uns aux autres, comme a esté dict, si elle nous faut. Certes le silence est plus sociable que le parler fauls. Si le mensonge n’avoit qu’un visage