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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/46

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t ceux-cy, selon l’instruction des sages. Premierement à qui ? à tous ? Il semble que bien faire aux meschans et indignes, c’est faire tout en un coup plusieurs fautes ; cela donne mauvais nom au donneur, entretient et eschauffe la malice, rend ce qui appartient à la vertu et au merite, comme aussi au vice. Certes les graces libres et favorables ne sont deuës qu’aux bons et dignes : mais en la necessité et en la generalité, tout est commun. En ces deux cas les meschans et ingrats y ont part, s’ils sont en necessité, ou bien s’ils sont tellement meslez avec les bons, que les uns n’en puissent avoir sans les autres : car il vaut mieux bien faire aux indignes à cause des bons, que d’en priver les bons à cause des meschans. Ainsi faict Dieu du bien à tous, pleuvant et eslanceant ses rayons indifferemment. Mais ses dons speciaux, il ne les donne qu’ à ceux qu’il a choisis pour siens : (…). Au besoin donc, en l’affliction et necessité, il faut