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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/55

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Un de nos papes refusant à un cardinal, qui le prioit peust-estre de chose injuste, et luy alleguant d’estre cause qu’il estoit pape, respondit bien : laisse-moy donc estre pape, et ne m’oste ce que tu m’as donné. Après ces reigles et advis de bien faire, il est à sçavoir qu’il y a des bienfaicts plus recepvables et agreables les uns que les autres, et qui sont plus ou moins obligeans : ceux-là sont les mieux venus, qui sortent de main amie, de ceux que l’on est disposé d’aymer sans ceste occasion : au contraire, il est grief d’estre obligé à celuy qui ne plaist, et auquel on ne veust rien debvoir. Ceux aussi qui viennent de la main de celuy qui y est aucunement obligé ; car il y a de la justice, et obligent moins. Ceux qui sont faicts en la necessité et au grand besoin, ceux-cy ont une grande force ; ils font oublier toutes les injures et offenses passées, s’il y en avoit eu, et obligent fort ; comme au contraire le refus en telle saison est fort injurieux,