Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/6

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ardeur entre le mary et la femme, les parens et les enfans, les freres et sœurs ; et puis se refroidissant a esté r’allumée par art et invention des alliances, compagnies, frairies, colleges et communautez. Mais, pource qu’en tout cela estant divisée en plusieurs pieces, elle s’affoiblissoit, et qu’elle estoit meslée et destrempée avec d’autres considerations utiles, commodes, delectables, pour se roidir et nourrir plus ardente, s’est ramassée toute en soy, et raccourcie plus estroicte entre deux vrays amis ; et c’est la parfaicte amitié, qui est d’autant plus chaude et spirituelle que toute autre, comme le cœur est plus chaud que le foye et le sang des veines. L’amitié est l’ame et la vie du monde, plus necessaire, disent les sages, que le feu et l’eaue : (…) : c’est le soleil, le baston, le sel de nostre vie ; car sans icelle tout est tenebres ; et n’y a aucune joye, soustien, ny goust de vivre : (…).