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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/74

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jusques à ce qu’il sçache marcher et parler : la tierce, toute la jeunesse ; ceste partie sera plus au long et serieusement traictée : la quatriesme est de leur affection, communication et comportement envers leurs enfans jà hommes faicts, touchant les biens, pensées, desseins. La premiere, qui regarde la generation et portée au ventre, n’est pas estimée et observée avec telle diligence qu’elle doibt, combien qu’elle aye autant ou plus de part au bien et mal des enfans, tant de leurs corps que de leurs esprits, que l’education et instruction après qu’ils sont nez et grandelets. C’est elle qui donne la subsistance, la trempe, le temperament, le naturel : l’autre est artificielle et acquise ; et s’il se commet faute en ceste premiere partie, la seconde ny la troisiesme ne la reparera pas, non plus que la faute en la premiere concoction de l’estomach ne se r’habille pas en la seconde ny troisiesme. Nos hommes vont à l’estourdie à cest accouplage, poussez par la seule volupté et envie de se descharger de ce qui les chatouille et les presse : s’il en advient conception, c’est rencontre, c’est cas fortuit : personne n’y va d’aguet et avec telle deliberation et disposition precedente, comme il faut, et que nature requiert. Puis que donc les hommes se font à l’adventure et à l’hazard, ce n’est merveille si tant rarement il s’en trouve de